Difficile de blâmer Judd Apatow pour son ambition.
Dans un genre cinématographique connu pour répondre au plus petit dénominateur commun, le producteur de l’excellent «Bridesmaids» et de «Superbad» a saisi les occasions de réalisation qui lui ont été offertes pour défier son public avec de la comédie. Ses histoires s’inspirent de sa propre expérience comme dans «Knocked Up», où il parle de la vie avec un enfant, ou dans «Funny People», où il aborde la définition du succès. Ces deux films ont préparé le terrain pour «This Is 40», qui ressemble à une adaptation du journal intime de Judd Apatow. Il y a entassé toutes les idées qu’il avait au sujet du vieillissement, de la parentalité et des responsabilités familiales, transposant ses propres songeries en lignes de scénario conçues spécifiquement pour Paul Rudd, son fréquent collaborateur, et pour Leslie Mann, sa femme dans la vie réelle. Judd Apatow provoque beaucoup de rires avec la vision honnête et directe qu’il présente dans «This Is 40», mais c’est dilué dans une grande quantité de matériel. Le film est énergique et vif dès le départ, mais plus les minutes passent et plus la routine comique s’affaiblit.
Les personnages de Pete et Debbie, incarnés par Paul Rudd et Leslie Mann dans «Knocked Up», passent d’acteurs secondaires à vedettes dans leur rôle de parents qui prétendent avoir tout planifié. Ils s’en sont convaincus eux-mêmes. Pete est certain que son investissement dans le nouveau disque du groupe Graham Parker & the Rumour, qui n’a rien sorti depuis 1980, va lui rapporter, tandis que Debbie poursuit ses propres occasions d’affaires tout en se prélassant dans le cocon de sa famille nucléaire moderne. Mais leur existence est loin d’être parfaite : la relation entre Pete et Debbie a atteint ses limites, leurs enfants préfèrent regarder la série télévisée «Lost» plutôt que de jouer ensemble, et leur père respectif ne fait qu’augmenter la pression sur leur couple — le père de Pete est un avare (Albert Brooks), tandis que le père de Debbie est un homme distant qui mène un autre style de vie (John Lithgow). La bulle éclate rapidement pour ce couple, qui passe la plupart de son temps à se battre avec la vie et à affronter les situations en se chamaillant.
Il y a beaucoup d’éléments drôles dans «This Is 40» : Lena Dunham et Chris O'Dowd sautent dans la mêlée dans la peau des employés de la maison de production de Pete, Jason Segel reprend son rôle d’entraîneur personnel, alors que Megan Fox et Charlyne Yi incarnent les employées de la boutique de Debbie. Chaque acteur apporte une touche distincte à la mosaïque de scènes que constitue «This Is 40». Heureusement, Paul Rudd et Leslie Mann sont aussi charmants que n’importe quelque acteur comique d’aujourd’hui. Il y a aussi les enfants de Judd Apatow, Maude et Iris Apatow, qui incarnent les enfants du couple.
«This Is 40» prend des risques avec une forme de narration libre et déçoit avec ses parties qui semblent plus intéressantes que son ensemble. Judd Apatow est un maître quand il s’agit de raconter des histoires qui mêlent la comédie lascive et le drame intelligent. Mais avec ce quatrième film en tant que réalisateur, il a voulu raconter trop d’histoires en même temps. Ça ne marche pas, mais encore une fois, il est difficile de le blâmer pour son ambition.