Il est facile d’imaginer que Renny Harlin, le réalisateur et l’un des quatre scénaristes de «The Legend of Hercules», ait entamé la séance de création en se disant ceci : «Commençons par une guerre, car beaucoup de ces histoires commencent par des guerres». Ce principe semble avoir orienté plusieurs choix créatifs dans cette nouvelle version du mythe grec. Il y a toujours beaucoup de scènes avec des hommes galopant à cheval. Généralement, il y a aussi des combats dans une arène. Si le budget le permet, il y a également des lions créés par imagerie numérique. Sans oublier le couple amoureux qui flirte au pied des cascades. Entretisser tous ces éléments ensemble de façon cohérente serait une perte de temps — laissons donc les fils conducteurs prendre forme sur les grandes épaules de Kellan Lutz, et les scènes d’action se transmuter abjectement d’avant en arrière, en mode ralenti.
Mais ce qui imprègne toutes les grimaces et l’accent de Kellan Lutz est l’absence inadmissible de toute logique dans ce film. En tant que «boîte à outils» de l’épopée classique, «The Legend of Hercules» privilégie la familiarité au détriment de l’originalité. À un point tel que les créateurs ne se sont pas limités à la mythologie herculéenne… à vraie dire, ils y touchent très peu. Le personnage d’Hercule ressemble plus à Jésus-Christ qu’à un demi-dieu de la Grèce antique, sans oublier les attributs d’un gladiateur pour ajouter un peu de pertinence. Mais ce qui est encore plus scandaleux que l’absence d’imagination dans la construction de l’univers du film, c’est le scénario — un travail si dépourvu d’intelligence, si mince et si idiot que vous éclaterez forcément de rire. On ne peut donc pas dire qu’il s’agit d’une expérience totalement dépourvue de joie.
Autour d’Hercule — un personnage de gentil jeune homme qui devient un homme doté d’une puissance suffisante pour tuer des gens et qui affronte finalement son destin —, il y a une légion de personnages dont les traits et les motivations sont présentées dans les scènes d’ouverture, et qui ne changent plus jamais par la suite. Son beau-père de facto, le roi Amphitryon (Scott Adkins), le déteste, tandis que son demi-frère Iphiclès (Liam Garrigan) est l’archétype du frère sans personnalité, intrigant et jaloux, et il arbore même une cicatrice au visage. Les dialogues échangés dans cette famille de mongoloïdes sont tout à fait insignifiants, tout comme les personnages. Hercule ne comprend pas pourquoi un inconnu mystique connaît son identité, même s’il vient tout juste de l’annoncer aux quatre vents dans un colisée bondé de spectateurs.
Bien que ce film n’atteigne aucun objectif artistique (et n’en vise apparemment aucun), on peut tout de même le qualifier d’inoffensif. Rien dans «The Legend of Hercules» ne troublera le public, sauf peut-être son absence d’intelligence, et dans un genre cinématographique particulièrement enclin à la régression, c’est déjà presque un triomphe. Mais à la fin du film, vous pourriez ne plus avoir assez d’énergie pour faire des tels éloges. Soit parce que vous aurez tellement rigolé que vous aurez été plongé dans le coma par son idiotie, soit parce que vous aurez perdu toutes vos forces en tentant de le repousser.