Il y a dix-sept ans, Harrison Ford a marmonné quatre petits mots qui ont défini tout un genre, une identité et un pays : «Sortez de mon avion.» Dans un monde avant l’attaque du 11 septembre , les démonstrations d’allégresse chauviniste ne manquaient pas dans des films comme «Air Force One»où un homme exceptionnel qui est aussi le président des États Unis se fait justice en éliminant au compte goutte une milice de terroristes russes loyalistes qui ont eu la mauvaise idée de tenter de détourner son vol retour en provenance de Moscou. En 2014, on n’a plus vraiment le luxe d’avoir une telle intrigue traitée à la légère. Conscient des connotations autour d’un vol civil international dont la destination est New York City, «Non-Stop » s’efforce de rester politiquement correct. Le film, qui se laisse quand même aller, nous divertit tout en le faisant avec prudence.
Dès le début, nous sommes plongés dans la narration obscure de Liam Neeson dans la peau de Bill Marks, un maréchal de l’air qui calme ses nerfs avec une grosse gorgée de whiskey. Officier dévoué même saoul, Marks étudie longuement chacun des visages sans nom de l’aéroport Heathrow à Londres, présentant implicitement de nombreux personnages qui se révéleront plus tard. Après le décollage, Marks se retrouve pris dans une quête inconsciente visant à dénicher un personnage inconnu essayant de mettre fin à ce vol avec des messages texte manipulateurs, des menaces envoyées à des moments judicieusement choisis et des meurtres dissimulés. Une passagère très loquasse, Julianne Moore, et l’hôtesse de l’air Michelle Dockery joignent Marks dans ces efforts pour identifier le criminel mystérieux avant que tous les passagers ne deviennent ses victimes. Le film est donc moins proche de «Taken » que de «Murder, She Wrote».
La chaise musicale de personnes suspectes met à l’épreuve nos idées préconçues de façon très dérisoire – les plus loquasses des passagers comptent un éducateur blanc (Scoot McNairy), un ingénieur informaticien avec une personnalité difficile (Nate Parker), un chirurgien du Moyen orient à la voix douce sur qui la caméra s’attarde souvent pour mettre en évidence ses vêtements typiques (Omar Metwally), un homme d’affaires blanc qui a généré plus d’argent avec sa dernière transaction que la valeur de votre maison (Frank Deal), un jeune noir têtu et insolent (Corey Hawkins), et un policier blanc, chauve et ouvertement macho mais qui tolère en secret son frère qui est homosexuel (Corey Stoll).
«Non-Stop» déclenche un jeu intéressant entre les personnages et le public couvrant l’ignorance des protagonistes d’une couche épaisse de comédie tout en se moquant du public lorsque celui-ci se fait prendre à soupçonner des personnages innocents.
Ce film est divertissant – ce qui est tout simplement un miracle. «Non-Stop » réussit à ne pas tomber dans les excès et investit les meilleurs moments du film dans un jeu à huis clos qu’il est impossible de ne pas apprécier. Le divertissement et l’émotion sont constants tout le long du film. Nous ne sommes plus à l’époque où Harrison Ford pouvait jouer les présidents mais il faut bien avouer que le genre du policier de l’air Liam Neeson pourrait très bien représenter un certain progrès.