«Tammy» n’est pas une comédie vulgaire, déchaînée, avec beaucoup de farces dans le style de «Step Brothers». Mais c’est l’impression qu’on nous donne avec la campagne de commercialisation axée autour d’une Melissa McCarthy qui danse comme une imbécile au milieu du stationnement d’un établissement de restauration rapide, tout juste avant de cambrioler ce même établissement avec une arme factice et un sac de papier sur la tête pour masquer son visage. Il s’agit en fait d’un film plutôt sérieux, où l’on suit les pas du personnage principal incarné par Melissa McCarthy pendant qu’elle parcourt le Midwest sans véritable objectif, avec sa grand-mère alcoolique (Susan Sarandon) à ses côtés. Certes, il y a des blagues… mais elles ne sont pas très bonnes. C’est le drame qui prédomine — le scénario émotionnel qui montre comment Tammy et sa grand-mère Pearl parviennent à accepter les complications inhérentes à leur vie… mais cet aspect n’est pas très bon non plus.
Tout ce qui concerne «Tammy» est obscur. On ne sait jamais si on veut nous faire rire ou verser des larmes. On ne sait pas très bien quoi penser de l’héroïne incarnée par Melissa McCarthy : est-elle une idiote? Une vantarde peut-être? Une femme gentille sous des apparences épineuses? A-t-elle conscience d’elle-même? Adopte-t-elle une attitude imbécile pour compenser une grande tristesse? La réponse est oui à toutes ces questions. À différents moments dans «Tammy», on voit McCarthy incarner différents types de personnages qui se contredisent totalement entre eux. Le ton du film est tout aussi confus que la nature de la femme à laquelle on voudrait que le public s’attache.
Mais «Tammy» n’est pas entièrement dépourvu de charme non plus. Même si les blagues et le côté émotionnel sont loin d’être bons, le film réussit tout de même à ne pas être trop mauvais. «Tammy» se trouve précisément au milieu de la comédie et du drame, mais aussi dans une sorte de moyenne qualitative. Le film est généralement agréable, mais souvent sans éclat. Son défaut principal est son incapacité à nous convaincre. Même si on n’a pas la moindre idée de l’objectif du film, on ne s’en soucie pas vraiment.
Il faut tout de même reconnaître le talent de la charmante Susan Sarandon (dans la peau d’une femme bien plus âgée en tant que grand-mère de McCarthy) et du très doué comique Gary Cole (un alcoolique qui tente de séduire Pearl), et en général, un air d’affabilité avec une touche de mystère. «Tammy» ne vous fera pas éclater de rire ni pleurer — bien qu’il s’efforce de faire les deux —, mais il ne vous ennuiera pas trop non plus. Dans sa forme unique, il finit par nous intriguer de façon bizarre. Sans arriver à nous intriguer tant que ça, finalement.