Généralement, pour pouvoir apprécier un film de science-fiction bourré d’action comme «Riddick», il faut d’abord surmonter l’obstacle que constitue l’absurdité du scénario. Mais étonnamment, ce n’est pas l’histoire qui représente le principal obstacle de ce troisième opus tissé autour du personnage de Richard Riddick incarné par Vin Diesel. Au contraire, l’histoire sert à le propulser au-delà du nuage de poussière soulevé par d’autres défauts et malversations. Avec un premier acte sans paroles pour souligner la volonté de survie d’un criminel solitaire sur une planète désertique, puis un virage très graduel vers l’équipe intergalactique de chasseurs de primes à la quête de cet homme en fuite, le spectateur s’attachera malgré lui à ce drame lent mais dense. Vous serez captivé. La mission claustrophobe et potentiellement mortelle dont est chargée la bande de voyous qui traque Riddick — et la troupe d’officiers plus respectueux de la loi (il y a notamment un homme qui parle calmement, une femme, ainsi qu’un jeune homme qui fait des prières, ce qui nous indique que ce sont les «bons» de l’histoire) — met en scène des concours de pipi, une guerre des sexes et des débats sur la stratégie à suivre dans le monde de la science-fiction sociologique, comme dans les épisodes de «Star Trek». Pendant ce temps, Vin Diesel est caché dans des cavernes, d’où il prépare son prochain coup.
Après un chapitre d’introduction très primaire, on est heureux de retrouver de nouveaux personnages (et, bien sûr, des dialogues). Bien que Vin Diesel réussisse à faire sentir son charisme en narguant Santana, le chasseur de primes incarné par Jordi Mollà, et Johns, le policier stoïque incarné par Matt Nable, ce n’est pas le genre d’acteur qui peut porter à lui seul de longues scènes de survie pensive sans dialogues. Heureusement, il trouve un chien assez tôt dans le film, ce qui contribue à dynamiser l’ambiance.
Mais les problèmes sont toujours présents quand le duo du film décide qu’il faut augmenter le nombre de participants de l’histoire. Et dès que les dialogues prennent de la force, l’intrigue devient de plus en plus compliquée. Même les cinéphiles qui connaissent les films précédents seront accablés par la trame de fond alambiquée et acariâtre et souhaiteront seulement revenir à une surveillance incertaine. Mais le film a d’autres problèmes beaucoup plus sérieux à résoudre.
Dommage que personne n’ait pensé à éliminer du scénario de David Twohy certains aspects répulsifs, car le film aurait pu être un triomphe. Avec un personnage apprécié des cinéphiles et un nouvel ensemble de sous-intrigues ayant tout pour plaire aux amateurs du genre, sans oublier la tension bien palpable et, oui, le chien, le seul véritable problème de «Riddick» est la façon dont il aborde le genre et la sexualité. Ce n’est qu’un seul problème, mais c’est un problème de taille.