Il peut sembler un peu bizarre d’écrire une critique du film «Getaway» de Courtney Solomon, car il ne peut être considéré comme un film au sens strict du terme. Il débute sans poser de questions — à l’exception d’une vague et frustrante «Que diable se passe-t-il?» — et se conclut sans donner de réponses, alors qu’on voit Ethan Hawke foncer en voiture sur des choses (et des personnes) pendant l’heure et demie qui se situe entre le début et la fin. On en apprend très peu pendant ce temps, tout en étant incités à participer au mystère de cette aventure. Mais on ne participe pas, tout simplement parce qu’il n’y a aucune raison de le faire.
Il n’y a aucune raison de s’interroger sur les événements que vit l’ancien coureur automobile et ex-criminel incarné par Ethan Hawke, contraint de mener une série de missions criminelles dictées par un mystérieux ravisseur qui a enlevé sa femme, parce qu’il ne semble pas y avoir une once de raisonnement dans ce personnage. Grâce à l’exposé qu’il présente à Selena Gomez, une génie de l’informatique lourdement armée, on apprend qu’il a commis «certaines fautes» dans le passé, avant d’avoir connu l’amour de sa vie, et qu’il a décidé de tourner le dos à son ancienne vie. C’est tout ce qu’on obtient comme information. Et on arrête de réfléchir pour se lancer dans des collisions avec des véhicules de police, des arbres de Noël et des centrales électriques.
Pourquoi Selena Gomez fait-elle partie de ce scénario? Sa participation initiale peut se justifier: Ethan Hawke mène sa série de crimes à bord d’une voiture volée. C’est sa voiture à elle, et elle est bien déterminée à la récupérer. Mais, inconsciente du danger qui la guette, Selena Gomez confronte Ethan Hawke avec son arme à feu et elle est forcée de monter dans la voiture, puis obligée de rester assise sur le siège du passager pendant que le conducteur complète sa liste de «tâches». Mais son empressement à rester avec lui même après avoir entendu son histoire est ridicule. Leurs chamailleries immédiates évoquent plus une tension sexuelle que du mépris et de la peur.
Le renversement «progressif» de leur relation est traité comme un événement qu’on devrait soutenir. Mais avec le criant manque de poids des deux personnages, les scènes entremêlées qui montrent leur chaleureux rapprochement et leur transformation en une équipe déterminée à sauver la vie de la femme d’Ethan Hawke servent surtout de pauses entre les scènes grotesques, impatientes et délibérément peu attrayantes de la destruction de la ville.
En ce qui concerne la consolidation du mystère, le film ne s’y intéresse pas non plus, comme on le comprend clairement dans les derniers moments. Au lieu de nous donner des réponses aux questions que l’on pourrait avoir, la révélation ultime du film est si faible, si creuse et tellement déconnectée de l’histoire qu’il semble presque offensant de terminer le film ainsi, si tant est que l’on puisse appeler cela un film. C’est offensant pour l’idée que l’on se fait d’un film ou d’une histoire en général. Mais «Getaway» ne s’intéresse pas à ces concepts. Pas d’histoire, pas de personnages, pas de logique et pas d’humanité. Il veut tout seulement nous montrer un tas d’accidents de voiture et d’explosions. Les concepteurs auraient au moins pu faire un effort pour rendre ces scènes plus réussies.