Observez bien attentivement le monde déchu présenté dans les premières scènes de «X-Men: Days of Future Past», parce que vous n’y resterez pas longtemps. En quelques instants, le film présente les enjeux (les Sentinelles, des robots géants conçus pour tuer les mutants, ont annihilé presque toute la race surhumaine et tous les humains sympathisants), les joueurs survivants (Wolverine (Hugh Jackman), le professeur X (Patrick Stewart), Magnéto (Ian McKellen) et quelques autres personnages qui font toujours partie de l’histoire, quoique de façon marginale) et un plan unique qui est assez fou pour pouvoir tout arranger: faire remonter le temps à Wolverine pour l’emmener dans les années 1970 — un cadeau de Kitty Pryde (Ellen Page), qui a le pouvoir de pouvoir de renvoyer les gens dans le temps — afin qu’il empêche la réalisation de l’évènement déclencheur de ce cauchemar colossal. Le public est subitement déplacé dans le temps pour rejoindre les tendances branchées et les teintes de 1973. Et à partir de là, c’est du pur divertissement.
La mission de Wolverine est simple : empêcher Mystique (Jennifer Lawrence) de tuer le scientifique Bolivar Trask (Peter Dinklage), le créateur même des Sentinelles… Mais en fin de compte, cet acte de vigilance aura été contreproductif. Et si vous trouvez trop simpliste ce voyage dans le passé du héros, sachez que la formule adoptée pour surmonter les problèmes de logique des voyages dans le temps (qui sont aussi présents chez H.G. Welles, Marty McFly et Looper) l’est encore plus. Kitty explique les règles dès le début :
Allez vous coucher en 2014,
Réveillez-vous en 1973, faites diverses choses. Et quand vous vous réveillez de nouveau en 2014, ces choses seront accomplies, et toutes les choses que les autres auront faites avant que vous alliez vous coucher en 2014 auront été défaites.
Et voilà, c’est aussi simple que ça. Les voyages dans le temps n’ont jamais été aussi faciles. En effet, les règles qui gouvernent le mouvement temporel pourraient aussi servir de maxime générale au public : il ne faut pas trop réfléchir. Sur quoi que ce soit. Ne vous accrochez pas trop aux évènements passés, ne vous inquiétez pas des choses à venir, et ne vous compliquez pas la vie à cause des choses qui se passent dans le présent. Amusez-vous, tout simplement.
Bien que le film tourne autour d’un voyage dans le temps visant à empêcher l’élément déclencheur d’un génocide de mutants étalé sur des décennies, «Days of Future Past» ne traite pas autant de l’héritage des mutants que ce à quoi on s’attendait. Toutes les histoires se déroulent dans les années 1970 entre les personnages suivants : Charles (James McAvoy), Erik (Michael Fassbender) et Raven (Jennifer Lawrence), qui luttent contre leurs démons respectifs de l’époque de la guerre froide — drogues, troubles politiques, injustices sociales — et les désaccords personnels qui les divisent. Dans la peau d’un jeune Xavier rongé par la douleur et la dépression, James McAvoy est réellement divertissant et vole la vedette à tous les autres personnages sauf un : Quicksilver, l’homme rapide.
Les excursions de Wolverine sur la côte Atlantique en 1973 sont délicieusement joyeuses. Et le grand nombre de mutants qui apparaissent un peu partout est un régal. Le Charles totalement décadent que James McAvoy incarne est l’essence même de la comédie britannique. Evan Peters dans la peau de Peter Maximoff, aussi connu sous le nom de Quicksilver, est la principale source de joie du film, mais pas la seule. «Future Past» se débarrasse de tous les aspects sérieux dans la première scène, et par la suite, ce ne sont que des moments d’amusement.
Bien que le film n’ait pas le même éclat que d’autres «comics» portés au grand écran, «Days of Future Past» a beaucoup de choses intéressantes dans son arsenal. Au détriment peut-être d’une histoire parfaitement tissée, de personnages bien solides ou d’un univers tout à fait cohérent, le retour de Bryan Singer dans le monde des mutants est suffisamment divertissant pour mériter la portée qu’il aurait dû avoir.