Il y a beaucoup à dire sur l’ambition. Il s’agit d’une énergie imperturbable qui fait que tout semble être une bonne idée. Même si vous vous inclinerez face à ce genre d’attitude imprudente, vous ne pourrez vous empêcher de sourire face à ceux qui incarnent cet esprit: le jeune élève du primaire qui remplit sa maquette avec le plus de figurines et de cure-pipes possible, l’oiseau qui construit son nid avec des emballages de bonbons et des reçus de Fedex, ou encore les artisans du film «Mortal Instruments». Ces derniers sont possiblement les chevaliers les plus forts de tous.
Il ne faut pas attendre trop longtemps pour que le rythme s’affole dans «The Mortal Instruments: City of Bones». La première scène s’ouvre dans l’appartement le plus spacieux de toute l’histoire de Brooklyn, où Clarissa, la jeune femme incarnée par Lily Collins, commence à voir des symboles mystérieux partout, le premier signe de son aventure fantastique qui commence à prendre forme. Sa mère (Lena Headey), aidée par son ami platonique (Aidan Turner), adopte un rôle à la Dursley et fait tout ce qu’elle peut pour détourner toute enquête sur les événements troublants qui touchent sa fille. Mais comme c’est le cas pour tout jeune mystique de son âge, Clarissa ne peut être retenue. Elle suit son cœur et entreprend sa quête, aidée par son ami platonique Robert Sheehan, traversant tous les éléments imaginables de la fantaisie contemporaine.
Les similarités avec Harry Potter se poursuivent quand «Clary» est transportée dans un autre monde démoniaque en passant par l’équivalent new-yorkais d’une gare de trains glauque (une boîte de nuit pleine d’amphétamines), sous la direction de l’équivalent new-yorkais d’un géant des bois (un fantôme sans chemise incarné par Jamie Campbell Bower). Alors qu’elle poursuit son chemin à travers les fêtards drogués et les démons, les loups-garous et les portails interdimensionnels — qui sont parsemés un à un dans le film alors qu’on abandonne tout espoir de logique —, Clary entreprend une aventure où tout semble possible.
Et alors qu’elle s’engage dans l’aventure, nous le faisons avec elle. Pas comme dans «Harry Potter»... mais plutôt comme on le ferait au manège Harry Potter dans l’île des Aventures. Vous apprécierez la sympathique et talentueuse Lily Collins tout juste assez pour créer la relation que vous voulez avoir avec une héroïne du monde de la fantaisie. Vous porterez aussi beaucoup d’attention au triangle amoureux qui se tisse entre elle, son ami amoureux d’elle, Simon (Robert Sheehan), et le chasseur d’ombres sans chemise (Campbell Bower). Vous n’aurez pas de difficulté à comprendre la plupart des aspects mystiques : vous connaissez déjà les règles des vampires (pas de lumière du soleil), des loups-garous (ils ont parfois le physique d’un homme), des démons (ils sont méchants). Et quand ça devient confus, comme quand des bulles de téléportation, des rayons de portail et des «dreadlocks» s’ajoutent à l’équation, vous avez toujours le luxe d’ignorer le casse-tête. On ne vous demande pas de tout comprendre, seulement de tout accepter.
Acceptez le fait que dans cette ambiance folle, tout peut arriver, tout arrive et tout devrait arriver dans les limites de la réalité malléable occupée par Lily Collins et ses amis effrayants. Quand on apprend que des musiciens classiques ont joué un rôle dans ces incursions surnaturelles, vous n’avez qu’à l’accepter. De la même façon, quand on vous transporte des palais des sorciers aux endroits qui évoquent Willy Wonka, puis dans les rues abandonnées de Manhattan hantées après 3 h du matin, acceptez-le. Quand des révélations généalogiques établissent des liens entre tout, y compris les particularités des invasions de chauves-souris, les armées des cadavres, les tatouages lumineux en hiéroglyphes et des promoteurs de clubs qui effacent la mémoire, acceptez-le aussi. Si vous arrivez à faire tout cela, vous serez agréablement amusé pendant les deux heures de cette folie qui ne cesse de prendre de l’ampleur, cette potion de fiction pour jeunes adultes. Cependant, si vous êtes une personne trop accrochée à la logique, aux règles, à la construction des univers ou à tout ce qui peut ressembler à un rythme, il vaudrait mieux vous contenter de Harry Potter — «Mortal Instruments» est fait pour ceux qui sont prêts à tout accepter.