Avec «Broken City», le réalisateur Allen Hughes et le scénariste Brian Tucker ont visé très haut pour tenter de recréer le style des drames criminels des années 70. C’est un objectif louable, mais la volonté constante du film d’entretenir le doute autour des événements finit par trébucher.
«Broken City» est rempli d’hommes d’affaires, de politiciens et de policiers corrompus; même la femme du maire est impliquée dans des affaires douteuses. Reste-t-il une seule personne honnête dans cette ville? C’est alors qu’entre en scène Billy Taggart, un détective privé qui a perdu son badge de policier après avoir tiré sur un jeune homme. Certes, Billy a été acquitté du crime, et le jeune homme était après tout un violeur et un assassin qui s’en est tiré grâce à un détail technique. Mais le public avait besoin de voir un coupable condamné dans cette affaire. Le maire Hostetler et le commissaire Fairbanks laissent le bon vieux Billy partir, et le maire promet de lui téléphoner un de ces jours pour se faire pardonner. Sept ans plus tard, le maire soupçonne sa femme d’entretenir une liaison extraconjugale et veut savoir qui est son amant. Il offre 50 000 $ à Billy pour la suivre et découvrir avec qui elle le trompe avant les prochaines élections municipales, qui ont lieu la semaine suivante. Évidemment, il y aura beaucoup de trahisons, mais une fois que le film trouve son rythme, Hughes et Tucker rajoutent de plus en plus de matériel, jusqu'à ce tout s’essouffle dans une finale sans éclat.
La corruption tourne autour des projets immobiliers et le film tente de montrer à quel point il s’agit d’un dossier important en élargissant sa perspective, pour nous montrer pourquoi Billy et sa petite amie, Natalie, sont particulièrement intéressés par l’avenir du projet immobilier de Bolton Village. Mais cela ne fait qu’assombrir des eaux déjà boueuses plutôt que de donner au film le noyau émotionnel dont il a tant besoin.
Mais la distribution n’est pas trop mauvaise, surtout pour un thriller policier du mois de janvier. Mark Wahlberg, qui est un expert de ces hommes au passé troublé, incarne Billy, un homme qui est loin d’être un ange, mais dont les actions les plus questionnables peuvent se justifier dans ce monde sans repères. Mark Wahlberg trouve dans Russell Crowe un excellent partenaire, qui lui donne la réplique dans la peau de Hostetler; c’est un homme de la vieille école, qui boit durant la journée et qui se targue de ses origines ouvrières et d’être un homme du peuple, même s’il n’hésite pas à abolir les protections contre les hausses de loyer excessives. Valliant, un universitaire du Connecticut, est incarné par Barry Pepper, dont l’apparence de parfait «WASP» lui a valu le rôle de Bobby dans la minisérie télévisée «The Kennedys».
Mentionnons également la participation de Catherine Zeta-Jones, qui incarne la douce moitié de Russell Crowe. Elle se consacre aux causes humanitaires et tente désespérément d’échapper à son monstrueux mari. Il n’y pas grand-chose de plus à en dire.
Tout compte fait, «Broken City» est un film un peu plus intelligent que ce qu’on pourrait croire au premier abord. Même s’il trébuche à la fin, c’est un assez bon divertissement.