Assombri par une série d’événements regrettables, «The Watch» esquive les faux pas et se présente comme une comédie de science-fiction réussie qui ne laisse pas son idée de base s’entortiller dans une série de répliques succinctes. Le scénario de Jared Stern, Seth Rogen et Evan Goldberg présume que vous avez déjà vu beaucoup d’autres films avant d’entrer dans la salle (surtout des films de science-fiction des années 1980).
L’intrigue ridicule de «The Watch» est axée sur ce qu’on pourrait décrire comme «la logique des films estivaux», qui permet à quatre adultes idiots de former un groupe de surveillance de quartier pour résoudre le meurtre de l’employé du magasin Costco de la localité, et qui finiront par poursuivre un assassin extraterrestre. Au lieu de tenter de donner un sens à une intrigue qui n’en a pas, «The Watch» fait le choix sage de concentrer toute son attention sur les quatre vedettes: Ben Stiller, Vince Vaughn, Jonah Hill et Richard Ayoade (de la série britannique «The IT Crowd») — un quartet dont les camaraderies comiques aident à pimenter un matériel bien poussiéreux. Il n’y a pas de grande révélation dans ce film, mais le talent des acteurs pour l’improvisation en fait une aventure qui vaut la peine d’être vue.
Le réalisateur Akiva Schaffer («Hot Rod ») présente rapidement et sans ambages ses personnages à deux dimensions. Ben Stiller incarne Evan, un bienfaiteur centré sur les détails qui n’arrive jamais à trouver du temps pour sa femme. Jonah Hill joue le rôle de Franklin, un amateur d’armes à feu légèrement dérangé qui a toujours rêvé d’être policier. Richard Ayoade incarne un homme étrange et vieillot qui se joint au groupe de surveillance pour combler le vide dans sa vie après son divorce. Vince Vaughn est Vince Vaughn: un type bruyant et grossier qui recherche les amitiés viriles. Ce groupe hétéroclite se rassemble pour combattre le crime, mais ils passent une bonne partie de leur temps à boire de la bière dans une mini-fourgonnette — une activité qu’ils appellent de la «surveillance». L’occasion parfaite pour rigoler.
Pour un film axé sur l’application de la loi et les invasions d’extraterrestres, «The Watch» est pauvre en action. Une bonne partie du film est consacrée à suivre les dialogues des acteurs principaux sur tout et sur rien : les poupées russes, uriner dans une canette de bière et autres viscosités extraterrestres et excréments humains. Il s’agit d’une véritable démonstration de charisme et Vince Vaughn en porte une bonne partie sur ses épaules, ce qui lui permet de compenser pour sa longue absence (on ne l’a plus revu depuis «Wedding Crashers» en 2005). Cet homme lance des blagues comme nul autre — les autres membres de la distribution ont du mal à le suivre. Richard Ayoade équilibre le bombardement de Vince Vaughn avec ses répliques tempérées et livrées au moment parfait, des caractéristiques typiquement britanniques qu’on retrouve rarement dans le cinéma américain. Même quand rien ne se passe, ce n’est pas ennuyant.
Malheureusement, «The Watch» néglige son actif le plus important : les extraterrestres. Le film n’arrive jamais à trouver le bon mélange entre la comédie et la science-fiction (rien à avoir avec «Ghostbusters» ou «Galaxy Quest»). Malgré quelques scènes où les deux genres se marient bien, le film évite la plupart du temps son côté science-fiction.
Ben Stiller, Vince Vaughn, Jonah Hill et Richard Ayoade ont tous déjà prouvé leur talent comme acteurs comiques capables de rehausser un matériel vieilli et faible, ce qu’ils sont constamment obligés de faire dans «The Watch ». Akiva Schaffer sait gérer son talent, mais en tant que réalisateur, il ne contribue pas beaucoup au contenu. Puisqu’il s’agit d’un film «pour adultes», «The Watch» a plus de marge de manœuvre que d’autres films pour faire des folies. Mais plutôt que de saisir cette occasion et d’en profiter, le film choisit de ne pas prendre de risques. Dans ce cas, ne pas prendre de risques signifie de lancer des blagues en rafale sur les nombreuses facettes de la reproduction humaine.