Difficile pour un film d’être à la fois bizarre et peu mémorable, subversif et parsemé de placements de produits peu subtils. «Escape from Planet Earth» réussit à faire tout cela, et bien plus. Dans ce monde, les extraterrestres sont enlevés par des fonctionnaires gouvernementaux, Roswell est un camp de travail intergalactique, un général de l’armée entretient une liaison virtuelle avec une jolie femme extraterrestre et les habitués du magasin 7-Eleven offrent à leurs nouveaux petits amis bleus des boissons Slurpee de la même couleur. Tout cela semble prometteur, n’est-ce pas?
Pas totalement. Pour l’essentiel, l’intrigue laborieuse est poussée par la rivalité fraternelle qui existe entre Gary Supernova (Rob Corddry) et son frère Scorch (Brendan Fraser). Ces petits bonshommes bleus habitent sur la planète Baab et travaillent à la BASA, qui est sans doute la version locale de la NASA. Gary, qui est chef de mission à la BASA, se porte au secours de Scorch quand il est attrapé dans une mission qui tourne mal. Une série d’événements sans grand intérêt les envoie tous les deux sur Terre, une planète remplie de créatures violentes où des extraterrestres de toutes les galaxies disparaissent régulièrement. Ils y rencontrent le général Shanker (William Shatner), qui attrape des extraterrestres paisibles et les oblige à travailler dans la fabrication d’une arme géante qui pourrait détruire l’univers.
Les autres extraterrestres que Gary et Scorch rencontrent sur leur chemin sont plus intéressants et amusants que ceux laissés sur la planète Baab — la bagarre dans la cafétéria entre les employés de Roswell et les extraterrestres est plus divertissante que 90 % des interactions entre Gary et Scorch —, ce qui est bien malheureux, car la femme de Gary, Kira (Sarah Jessica Parker), est sur leurs talons afin de les sauver. Lena (Jessica Alba), la chef de la BASA, est une vilaine en quête du grand amour qui ferait n’importe quoi pour passer sa vie avec un humain à la crinière d’Elvis qu’elle a rencontré sur Internet. Kira et elle étaient autrefois des collègues, mais Lena estime maintenant que son ancienne amie est devenue une mère au foyer. Et Kira feint de vouloir la frapper. Et ainsi de suite. Les personnages féminins du film sont assez bien développés, considérant l’état général des choses.
Néanmoins, «Escape from Planet Earth» est un peu confus. S’agit-il d’appuyer les valeurs familiales? Ou de montrer à quel point les humains se sont égarés? Ou de faire de la publicité pour 7-Eleven? On entend aussi de la musique aux accents métalliques sur la bande sonore, mais on ne sait pas trop s’il s’agit d’une autre invention des extraterrestres (comme le iPhone, Facebook, Internet et Pixar, selon le film) ou bien d’un autre exemple de régression humaine. Pour ajouter à la confusion, il y a une journaliste extraterrestre sexy incarnée en voix par Sofía Vergara.
«Escape from Plant Earth» n’est pas particulièrement mauvais; c’est seulement qu’il ne propose rien pour nous accrocher de façon significative. Il se passe toutes sortes de choses qui laissent indifférent. Comme l’ensemble de l’histoire, finalement. Dans un monde où les amateurs de cinéma de tous les âges peuvent être surpris, divertis et secoués par des films d’animation, il est tout à fait normal de s’attendre à voir des films familiaux d’un niveau plus élevé.