Il est facile d’être cynique face aux films du temps des Fêtes, voire face au temps des Fêtes en général. Mais «Rise of the Guardians» ne vous le permettra pas, même si vous ne fêtez pas Noël ou Pâques. Sans être excessivement extravagantes, les vedettes du film sont plus proches des mythes païens que des pompes à fric associées aux fêtes judéo-chrétiennes. De plus, Nord (connu aussi comme le père Noël, voix d’Alec Baldwin) et Lapin (c’est à dire le lapin de Pâques, voix de Hugh Jackman) sont accompagnés par d’autres personnages plus universels comme la Fée des dents (Isla Fisher), le Marchand de sable, Jack Frost (Chris Pine) et Pitch (aussi appelé le croque-mitaine, voix de Jude Law). Pour gérer les activités de toute cette troupe, il y a le silencieux Homme de la Lune, qui donne ses instructions à chaque Gardien.
Jack Frost veut que les enfants croient en son existence et veut aussi comprendre d’où il vient. Lorsqu’il est invité à s’allier avec les Gardiens pour protéger le monde des mauvaises intentions de Pitch, Jack Frost hésite à les rejoindre, mais il ne peut ignorer cette occasion d’être quelqu’un en qui les autres croient et de retrouver ses souvenirs. Quand Pitch réussit à provoquer des cauchemars chez les filles et les garçons, ceux-ci arrêtent de croire aux Gardiens, ce qui met en danger l’existence de ces derniers. Il n’y a rien de pire que de ne pas être considéré comme réel. Les Gardiens reçoivent aussi l’aide d’un petit homme à l’esprit ouvert appelé Jamie (Dakota Goyo), qui est un grand fervent de l’inconnu. (Le petit détour dans l’histoire avec la petite sœur de Jamie est vraiment adorable.)
Les personnages sont fabuleux et la réussite du film repose en bonne partie sur leur contribution. Inspiré de la série de livres pour enfants «The Guardians of Childhood» de William Joyce et scénarisé par David Lindsay-Abaire (qui a écrit l’excellent «Rabbit Hole»), le film se distingue parce que l’histoire n’est pas liée à une mythologie en particulier. Le père Noël est un grand Russe avec des tatouages sur les bras, et ses assistants sont des yétis – encore une autre créature mythique. Le lapin de Pâques ressemble plutôt à un lièvre sauvage avec une attitude australienne, et l’endroit qu’il considère comme le plus sacré est vert et luxuriant, rappelant les rituels de fertilité associés au printemps. La Fée des dents est une femme colibri fantastique à la tête d’une armée de belles femmes colibris qui voyagent à travers le monde pour recueillir les dents perdues. Les dents contiennent des souvenirs, et elles sont considérées comme des trésors par la Fée des dents et les Dents de bébés, comme sont appelées ses collaboratrices. Le Marchand de sable n’a pas de voix et communique au moyen de symboles qui apparaissent sur sa tête, formés par son propre sable; il est divertissant et très décontracté, comme on le souhaite d’une créature chargée de distribuer les rêves. Jack Frost est un beau garçon espiègle à la coiffure animée qui adore les batailles de boules de neige, tandis que Pitch est un Britannique austère qui passe son temps à envoyer des étalons noirs formés de poussière scintillante pour semer la peur dans le cœur des enfants.
Il s’agit d’une expérience visuellement éblouissante qui exploite tout le potentiel offert par la technologie 3D. Le célèbre directeur de la photographie anglais Roger Deakins a servi de consultant visuel, comme il l’avait fait pour d’autres films d’animation comme «WALL*E», «How to Train Your Dragon» et «Rango». La musique d’Alexandre Desplat est évocatrice, sans être étouffante ni manipulatrice. Le scénario est amusant sans trop recourir aux références de la culture pop, mise à part une référence à «Crocodile Dundee». Franchement, il est difficile de trouver des défauts à «Rise of the Guardians». Peut-être auraient-ils pu inclure Hanukkah Harry, le père Noël juif créé dans l’émission «Saturday Night Live»?