Dans ce troisième chapitre de la série, le scénariste et réalisateur Shane Black suit les pas de «The Avengers», le film dont l’aspect «comics» est plus rehaussé que tous les autres films du genre. Il contribue ici à redéfinir Iron Man, le héros de Marvel, en snobant le matériel d’origine. Il est difficile de qualifier «Iron Man 3» de film de bande dessinée, même si Robert Downey, Jr. revêt un exosquelette destructeur avec l’objectif de freiner un vilain, Le Mandarin (Ben Kingsley), et ses aides cracheurs de feu. Le film ressemble plutôt à une suite du film néo-noir «Kiss Kiss Bang Bang» (2005) de Black mettant également en vedette Robert Downey, Jr. Avec une voix off de style détective, des dialogues tranchants et un obstacle qui pousse Tony Stark à rassembler des indices, réduisant les scènes où il apparaît dans son armure iconique, «Iron Man 3» délaisse la fantaisie en faveur du roman populaire. Le montage permet à Robert Downey, Jr. de livrer sa meilleure interprétation dans cette franchise.
«Iron Man 3» laisse penser que les explosions cosmiques lors de la bataille de New York dans «The Avengers» ont pesé lourdement sur Tony. Pour faire face au syndrome de stress post-traumatique, il reste cloîtré dans son laboratoire, recréant sans cesse de nouvelles armures spéciales pour s’attaquer aux futurs adversaires qui pourraient l’attaquer. Pendant ce temps, sa petite amie qui le remplace comme chef d’entreprise, Pepper Potts (Gwyneth Paltrow), fait de son mieux pour gérer la machine à fric de Tony, Stark Industries. La plus récente proposition soumise au conglomérat technologique vient d’Aldrich Killian (Guy Pearce), un «nerd» devenu «playboy» qui ne cache pas sa rancune envers Tony. Il présente à Pepper sa nouvelle création appelée Extremis, un traitement génétique qui ouvre la voie à une régénération humaine sans précédent. Extremis donne aussi aux humains des pouvoirs extraordinaires et un potentiel de combustion interne, mais hélas, le produit est encore en cours de conception.
L’objectif évident de Shane Black est de maintenir Tony hors de son armure d’Iron Man. Le régime de Marvel contraint ses films à un conformisme stylistique, établissant un style prédéterminé qui rend «Iron Man 3» plat et générique. Le réalisateur innove donc comme il l’a fait à l’époque où il était scénariste («Lethal Weapon» et «The Last Boyscout»). Robert Downey, Jr. met les gaz et lance des répliques acerbes plus vite que les rayons d’Iron Man, donnant à Tony quelque chose à quoi s’accrocher.
Robert Downey, Jr. n’est pas seul. Shane Black a regroupé une distribution de rêve pour «Iron Man 3», ce qui permet de donner plus de personnalité à l’intrigue sans se perdre dans les complications d’une trame trop dense. Guy Pearce s’amuse éperdument avec son Killian diabolique, tandis que Ben Kingsley réussi à corrompre chacune de ses répliques de vilain. Son interprétation du Mandarin est renversante. C’est peut-être le moyen que Shane Black a choisi pour narguer les admirateurs de «comic books», mais dépendamment de votre intérêt pour le genre, c’est Ben Kingsley qui domine le film.
Outre les froncements de sourcils provoqués par la logique du film, Robert Downey, Jr. et Shane Black créent de nouveau la magie ensemble, à un degré digne des grands succès estivaux. «Iron Man 3 » dépasse facilement les deux premiers films de la série et donne le coup d’envoi de la saison estivale avec fracas, tout en faisant un clin d’œil à la caméra.
(Et n’oubliez pas de rester jusqu’à la fin du générique — il y a une scène qui complète le film!)