Il faut déployer de grands efforts pour découvrir ce que «Side Effects», le thriller psychologique de Steven Soderbergh, veut nous dire exactement. Avec du matériel bien mûr à sa disposition — la dépression, l’anxiété et les industries de la psychiatrie et des médicaments devraient offrir plusieurs avenues intéressantes —, le film exprime quelque chose de nouveau et d’important.
Et pendant les premières 20 minutes, le film vogue sur cette charade. L’histoire débute avec Emily, (Rooney Mara), une jeune femme de 28 ans qui est dépassée par l’imminente sortie de prison de son mari (Channing Tatum), condamné pour le délit d’initié. Le premier chapitre du film réunit une Mara confuse et accablée avec le psychiatre Jonathan Banks (Jude Law), dont la décision de lui prescrire un nouveau médicament anxiolytique expérimental est influencée par les offres monétaires de la société pharmaceutique.
Mais alors que le premier acte de «Side Effects» nous prépare à une chose, le reste du film nous donne tout le contraire. L’histoire subit un brusque changement d’identité quand Emily fait l’impensable sous l’influence des médicaments, et à partir de là, le film n’arrive plus à retrouver sa personnalité. Un film plus solide aurait pu convaincre le public qu’il s’agit d’un virage palpitant, mais cette redirection de «Side Effects» laisse sceptique. La majeure partie du film adopte les attributs d’un polar mal conçu qui jongle avec la question de la faute des malfaisances d’Emily.
L’exécution est négligée et dissémine maladroitement des indices un peu partout. L’intérêt du public pour la distribution (Catherine Zeta-Jones semble sortir de nulle part pour incarner l’ancienne psychiatre d’Emily) s’évapore une fois que les personnages vifs se transforment en simples pions d’un jeu de meurtre et mystère, en expositions répétées qui font avancer le squelette de tension qu’est devenu le film.
Considérant le matériel limité avec lequel ils doivent travailler au-delà de la première moitié, les acteurs méritent des éloges, et Mara se distingue particulièrement avec sa présence énergisante. Ce n’est que dans l’introduction rallongée par des tactiques de diversion que le public a l’occasion de profiter des puissantes interprétations des acteurs. Cette partie du film déborde de confiance et d’originalité. Mais après, c’est le point de non-retour: «Side Effects» perd peu à peu sa substance et se noie dans un thriller vide qui n’a visiblement pas grand-chose à dire. Et c’est bien dommage, car le premier chapitre semblait vraiment nous préparer à quelque chose qui en vaudrait la peine.