À bien des égards, «Bullet to the Head» est aussi ridicule que ce à quoi on pouvait s’attendre. Un Sylvester Stallone recouvert de tatouages et le très musclé Jason Momoa sont prêts à se battre. L’avocat louche incarné par Christian Slater organise une méga-soirée sexy dans sa grande maison du Garden District, avec des femmes nues qui dansent le tango. Il y a un baron immobilier africain corrompu incarné par Adewale Akinnuoye-Agbaje, qui s’appuie sur deux cannes pour marcher et qui s’apprête à démolir les ghettos résidentiels de La Nouvelle-Orléans pour construire de nouveaux appartements en copropriété. Et toutes les femmes qui apparaissent dans le film — à qui on donne n’importe quoi à dire, pour celles qui disent quelque chose — exhibent leurs seins à un moment ou l’autre, même Sarah Shahi, qui incarne Lisa, la fille du personnage de Sylvester Stallone. Ce personnage, appelé Jimmy Bobo, trimballe sa propre bouteille de bourbon quand il fait sa tournée des bars — du bourbon de marque Bulleit, bien sûr.
Cependant, à la différence des films d’action sortis récemment comme «Jack Reacher» ou l’interminable franchise «Expendables» avec Stallone, «Bullet to the Head» est un film de genre solide et plaisant. Une partie de son attrait, en plus des scènes de combat et des mises en scène ridiculement élaborées, provient du fait que le film ne se prend pas au sérieux. Soyons clairs, «Bullet to the Head» n’est pas un chef d’œuvre. Les interactions de Stallone avec son associé réticent, un beau policier appelé Taylor Kwon (Sung Kang), ralentissent le film au rythme d’un glacier. On pourrait penser que le réalisateur Walter Hill tente d’évoquer la tension raciale bancale entre Eddie Murphy et Nick Nolte dans les films «48 Hours», mais elle ne colle absolument pas ici.
Le fait de placer Stallone et compagnie à La Nouvelle-Orléans crée une dissonance cognitive qui est au mieux risible. Jason Momoa, qui incarne un mercenaire perfide, est hilarant hors de sa zone de confort dans le bar «redneck» où on le voit pour la première fois; il est né pour incarner des personnages comme celui de Khal Drago dans la série télévisée «Game of Thrones», où il n’a qu’à monter à cheval avec des airs de guerrier dangereux-mais-attirant. Mais revenons sur les seins nus.
Il s’agit d’un film pour public adulte; il y a donc beaucoup de violence, de drogues et de nudité, et on ne s’en plaint pas. Mais quand le premier personnage qu’on rencontre est une prostituée à laquelle on fait référence comme telle, et qu’il s’agit presque du seul personnage féminin de l’histoire, il y a un problème. Il aurait été préférable d’enlever toutes les femmes du film si l’intention était de les traiter aussi négativement. Malheureusement, cet état d’esprit fait perdre quelques points au film. «Bullet to the Head» n’est pas une superproduction estivale, mais il est quand même meilleur que les autres films typiques du mois de janvier. On a hâte au printemps.