«Dredd» est une réinterprétation de l’hebdomadaire de bande dessinée «2000 AD» qui a inspiré «Judge Dredd» (1994), le film d’action mettant en vedette Sylvester Stallone qui a élevé la médiocrité de la science-fiction vers de nouveaux sommets. «Dredd» accorde moins d’importance aux aspects futuristes et met davantage l’accent sur la brutalité que les victimes du juge Dredd doivent endurer. Dans un monde pas si lointain, un juge a le pouvoir de décider de votre destin dès votre arrestation – et généralement, cela implique des tirs de munition dans la tête du contrevenant. «Dredd» est un film sinistre et fumant qui réussit instiller un sentiment d’humanité dans des scènes de combat féroces. C’est plutôt choquant, considérant la grande quantité de sang versé lors des sorties du juge Dredd sur le sentier de la guerre, qui commencent dès sa première apparition à l’écran.
Dans cette nouvelle version, le juge Dredd est incarné par Karl Urban, qui a trouvé le bon équilibre entre le machisme et la comédie aux répliques bien envoyées. Un bon héros. Afin d’enquêter sur une série de meurtres liée à l’un des criminels les plus terrifiants de Mega City 1, Dredd fait équipe avec sa parfaite antithèse : Cassandra (Olivia Thirlby), une nouvelle recrue qui compense son manque d’instinct assassin par des pouvoirs psychiques de mutante. Elle n’a peut-être pas les aptitudes qui permettent à Dredd d’égorger ses victimes, mais quand elle est déterminée à en finir avec quelqu’un, c’en est vraiment fini pour lui. Ensemble, ils devront affronter Ma-Ma (Lena Hedley) qui, au sommet de sa tour de 120 étages, s’apprête à distribuer une nouvelle drogue appelée Slo-Mo à tous les citoyens de Mega City 1. Afin de l’arrêter, Dredd et Cassandra doivent assassiner ses hommes de main en escaladant la tour. Une prémisse simple, mais beaucoup de sang versé.
Ce qui rend le film plaisant, c’est la présence de ses deux acteurs principaux. Karl Urban a la tache ingrate d’incarner Dredd en portant le célèbre masque du juge, mais il sait compenser le fait que son visage reste couvert par des sons menaçants et une voix électrique. Karl Urgan est aussi très doué dans l’art de choisir le moment précis pour donner des touches comiques. Avec Cassandra, ils sont comme le yin et le yang. Cassandra aurait pu être une autre de ces covedettes féminines qui arrivent au bon moment avec des pouvoirs magiques, mais Olivia Thirlby est le cœur et l’âme de «Dredd», insufflant de la compassion dans une situation obscure et reflétant la dualité de l’ensemble du programme Judge. Pourquoi les gens ne contestent-ils pas le fait que des policiers ont le droit de les tuer quand bon leur semble? Comment cela est-il devenu la nouvelle définition de l’héroïsme? Le scénario d’Alex Garland («28 Days Later», «Never Let Me Go») a l’intelligence de poser de telles questions, et Cassandra est la personne tout indiquée pour s’en occuper. Olivia Thirlby est adorable mais elle sait aussi être féroce, ce qui fait d’elle un juge sensible qui peut cohabiter avec Dredd.
«Dredd» n’est pas un grand film, mais c’est un bon film pour les amateurs de «comics» – le genre de film qu’on va voir à minuit en riant à gorge déployée au nom d’un bon divertissement absurde.